J0 « avant de prendre l’avion pour Cotonou, j’ai accompagné Arthur et Léa à l’école. Comme souvent la cloche avait déjà sonné, Ils ont rejoint leurs classes en courant, cartables brinquebalant sur le dos, ils ont traversé la cours de récré, sont entrés dans les bâtiments, et disparu derrière les murs. , Le vide et le silence ont alors emplis l’endroit. Mon cœur aussi , un peu. Sophie m’a ensuite emmené à l’aéroport. Dans quelques heures , Arnaud et moi, nous serons au Bénin. Juste quelques heures pour ceux qui sont nés du bon côté du passeport. « d’autres mettent des semaines pour faire le même trajet, au péril de leur vie, au péril de la vie de leurs enfants. Comme dit la chanson « liberté, égalité, fraternité, mon cul ».
La séquence au bord de mer avec les adeptes de Mami Wata, la divinité mi-femme mi-poisson, était importante. Les offrandes destinées à la sirène furent chargées dans le coffre et nous partîmes vers l'océan. Nos premiers pas sur la plage furent ralentis par la puissance du vent. Les nuages sombres qui approchaient incitèrent les fidèles à presser le pas. Tout allait trop vite, pas assez de temps pour découper la scène en différents plans. Au moment du geste symbolique des offrandes lancées dans les flots, la pluie se mit à tomber avec puissance, puis une vague plus forte que les autres nous balaya. J'entendis Arnaud pousser un juron. La scène tant attendue ne dura que quelques instants, retour en ville....
L'immeuble inachevé sur lequel nous devions faire la photo d'Iyami, la mère de toutes les mères et sorcière accomplie, a été détruit. L'immeuble se situait vers Kraké, la zone frontalière avec le Nigeria, la zone de tous les trafics. Avec Arnaud, tous les matins, nous passions devant une immense construction abandonnée. Le bâtiment nous intriguait et nous plaisait comme décors de remplacement. Nous sommes finalement allés explorer l'endroit. Florent le gardien d'un stock de gravier et sable pour la construction des routes, situé à cotes du bâtiment, nous a accueilli avec bienveillance, nous mettant en garde contre les serpents et le crocodile qui rôdaient dans le coin. Il avoua n'être jamais rentré dans ce bâtiment fantôme. Il semblerait que l'immeuble soit un projet d'hôtel de luxe initié par Kadafi et jamais terminé. C'est finalement là que nous avons travaillé.
Avec Affinon, lorsque nous faisons nos courses au marché
Paul est issu d’une grande famille, c’est un prince. Un prince béninois en exil qui travaillait comme gardien. Alors que j'avais rencontré à Abidjan. Comme je n'arrivais pas à attraper un taxi je lui avais demandé de l'aide. Au fil de notre conversation, nous avions découvert que nous partagions un intérêt commun pour le culte des revenants. Paul est également initié aux plus secrets des cultes vaudou bénin, c’est lui qui nous a aider pour filmer la cérémonie de la divinité Kokou au bord du lac Ahemé. . Il était revenu au Benin pour le tournage et c'était l'occasion pour lui de revoir son jeune fils qu'il n'avait pas revu depuis trop longtemps. Le trajet est onéreux. Son fils était malade, faible, sans énergie, anémié. Le diagnostic est tombé. C'était un Abiku, selon les croyances Vaudou, un enfant né pour mourir. Les traitements médicaux et la cérémonie pour infléchir son destin n'ont pas suffi.
Oudoua, un mort revenu sur terre.